C’était sans doute la première fois que je me rendais vraiment compte de la folie du monde. J’examinais chaque recoin, chaque pièce et chaque élément, de jour en jour, de manière détachée afin de mieux pourvoir remettre un rapport clair et net. Je trouvais souvent les entourloupes, les détails capricieux dissimulés au regard general. Mais j’avais toujours un début par lequel commencer, une description, des hypothèses plausibles, et une conclusion.

J’examinais encore et encore les éléments qui m’on été rapportés. Rien ne faisait sens.

Victime d’une trentaine d’années. Non identifiable.

D’habitude, ça tournait autour des mêmes choses : une querelle.

Les seules choses dont je suis sûre, sont qu’il s’agit d’une femme, possiblement entre 20 et 30 ans. Pour ce qui est des blessures, je ne suis même pas capable de pouvoir les remettre dans l’ordre.

Je sais seulement que cette femme a vécu les enfers avant même d’avoir pu rendre son dernier souffle. Ses yeux ont été arrachés, l’un pend encore de sa cavité. Je peux l’imaginer se balancer selon l’assaut de ses gesticulations. Sa mâchoire a été fracturée, ses phalanges aussi. Elle s’est débattue jusqu’au bout, ses avants bras en portent les conséquences.

Sa peau à certains endroits a été brûlée, comme ci une torche y avait été portée. Mais ce n’etait apparemment toujours pas assez.

En ressortant ses organes pour pouvoir les analyser, je remarque que ses poumons sont pleins d’eau. Seulement ses poumons.

Je le rapproche de sa bouche et examine plus intensément ses contours, cherchant à voir comment seuls ses poumons auraient pu être touchés, sachant que son corps a été trouvé au sec, dans une forêt…..

Et en ouvrant un peu plus sa mâchoire, je remarque que son palais porte des abrasions typiques liées à l’insertion d’un objet. Et je me demande donc si elle ne serait pas morte noyée, intubée, non pour laisser passer l’air, mais pour faire entrer de l’eau. Une noyade induite, laissant le reste d’elle au sec, mais en vivant une des pires morts possibles, après tant de tortures infligés.

La folie est un poison mortel, mais est-ce qu’il ne s’agit que de cela ?